Sans parler du mystère de sa genèse et de son aventure marine, le coquillage m'intéresse car il est une forme de perfection naturelle et matérielle, indéfiniment renouvelée. Objet délicat et primitif à la fois, il éblouit le regard par la diversité de ses coloris, allant du rose, du mauve à la noirceur de l'encre, de l'ivoire à l'orangé le plus éclatant ; le coquillage est aussi relief, strié, lissé, plissé, bosselé, bref une véritable sculpture. Il m'apparut ainsi, base de recherche et d'expérimentation, source noble et possible de CRÉATIONS.
N'ayant pas les moyens de me référer aux projets des artistes de la Renaissance, créateurs de nymphées, de grottes ou de buffets d'eau, hors donc des modèles et des modes, mais en jouant de la multiplicité des formes, des reliefs, des couleurs du matériau, tout en les respectant, j'ai INVENTÉ mes propres "TISSUS COQUILLAGEUX".
Galerie
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Panneau sur plexiglas incolore - Au mur à agrafer : 1m x 0.70m - Équipement tubulaire chromé - 2.10m x 0.75m - motif : gallinacés |
Panneau sur plexiglas incolore | Fresque des Quatre Éléments |
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Fresque des Quatre Éléments (1) | Fresque des Quatre Éléments (2) | Fresque des Quatre Éléments (3) |
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Fresque des Quatre Éléments (4) | Panneau mural sur contreplaqué marin | Panneau mural sur contreplaqué marin |
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Personnage du Groupe des races | Personnage du Groupe des races |
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La technique est simple : les coquillages sont assemblés, tressés, rythmés, fixés par collages, sur des supports en bois ou sur des matières synthétiques, altuglas, résine... ou sur des objets divers de récupération.
La recherche
Amoureuse de la peinture, j'ai inscrit d'abord dans des tableaux encadrés les compositions, figuratives ou abstraites, découvrant les vibrations baroques créées par l'application touche par touche de la coquille.
Mon intention fut bientôt de libérer les surfaces des cadres, de mettre à nu les coquilages, de les assembler amplement, pour rendre la texture plus forte et accentuer les multiples correspondances qui sétablissent entre le végétal, le minéral, l'animal et pourquoi pas l'humain. Moule et feuille, moule et plume, nacre et écaille, moule et cuir, moule et peau, coquille Saint-Jacques et main, coque et oreille, opercule et oeil, ne s'associent-ils pas à la vue comme au toucher ? (Les mots populaires qui baptisent les coquillages sont d'ailleurs révélateurs : amande, oeil de chat, aile de dindon, chapeau chinois, éventail, peigne...).
De tâche en tâche, on passe du "tissage" sur à plat, au tissage sur des volumes multiformes. Exploitant le caractère translucide de certains coquillages, j'ai pu tenter une étude sur la transparence : éclairé par derrière, le "tissu coquillageux", sur plastique cristal, gagne en féerie. C'est "l'effet vitrail".
Le travail
Le travail est bien un genre de dialogue ininterrompu entre le matériau et la main : matière minérale, la coquille offre une résistance dans sa dureté, sa solidité, son immobilité. Il s'agit de ruser avec elle, de la soumettre à la "rêverie de la volonté" comme dirait BACHELARD. C'est l'imagination qui perçoit les possibilités de la transmutation à accomplir. Mais le matériau s'impose et exige des adaptations. Il s'agit de marier jeu, discipline, improvisation. Mais il ne s'agit pas d'un jeu réservé aux enfants ou aux excentriques, comme on le croit souvent.
France Gignoux